On croyait jusqu’alors que l’homme le plus malchanceux de l’histoire de l’humanité était ce pauvre Youri Gagarine, qui fit un tour complet de la planète mais finit malgré tout par atterrir en U.R.S.S.
Soyons généreux, et ayons une pensée compatissante pour le pauvre Gérard Depardieu qui les accumule, ces temps-ci.
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Paradis démocratique et fiscal – St Petersbourg, 2010 |
Il est en revanche une fraction de l’espèce humaine pour laquelle la compassion n’est pas de mise: les politiques et éditorialistes de droite qui ont cru judicieux de faire mousser « l’affaire Depardieu » pour en remettre une louche sur le thème du « matraquage fiscal ». Ils ont l’air malin, maintenant: l’icône de leur croisade contre la fiscalité directe s’avère avoir autant de lucidité politique qu’une portion de Brie… C’est sûr, un Depardieu en colère, ça vous avait un peu plus de retentissement que les jérémiades d’un Bernard Arnault. Tout le monde s’en cogne, des états d’âme du patron de LVMH, d’ailleurs même Vladimir Poutine n’en veut pas (il faut dire que ce n’est pas ce qui manque, les financiers prédateurs, en Russie). Depardieu, « ça le faisait » mais là, en Poutinophile, « ça le fait moins ». Les voilà bien emmerdés, au « Figaro » et consorts. Bien fait pour leur gueule, ça leur apprendra à jouer les opportunistes et à s’emparer de la figure du « Gégé ». Ils croyaient tenir une histoire exemplaire, celle du « créateur », de la personnalité au rayonnement international que les choix économiques du gouvernement avaient « découragé ». Pour un Depardieu, combien de dynamiques entrepreneurs, las d’être des « pigeons », allaient s’égailler comme une volée de moineaux? Hein, hein? Bien sûr, c’était oublier un peu vite les ex-futurs « pigeons » (dont la quasi-totalité de l’équipe de France de tennis) réfugiés depuis belle lurette pas loin d’ici, au bord du Léman, que dix années de gouvernement de droite dont cinq de bouclier façon Sarko n’ont pas fait davantage revenir que les emplois industriels délocalisés en Roumanie. Mais on ne s’arrête pas à ce genre de détail. Faute de pouvoir démontrer que l’exil fiscal de quelques milliers de Français constitue un manque-à-gagner budgétaire plus important que les largesses accordées il y a peu aux marchands de limonade, faute de prouver que les entrepreneurs sont davantage découragés par la fiscalité et les charges sociales que par la pusillanimité des banques et la pingrerie de clients qui se font de la trésorerie sur leur dos, on se rabat sur le sensationnel. Depardieu, donc. Ben c’est raté. Question exemplarité, faudra repasser.
Ou plutôt, si: l' »affaire Depardieu » est exemplaire de la déliquescence mentale de certains et de la perversion du débat public qu’elle entraîne. Et les mots perdent leur sens: si Gérard Depardieu est une « victime » et l’impôt direct progressif une « injustice », alors la Fédération de Russie peut bien être une « grande démocratie ».
Ciao, et bonne année à tous, cela étant!
Bravo Riwal, voilà qui est bien dit ! Tout le monde s'en cogne, en effet. J'étais sidérée d'entendre que François Hollande aurait appelé le Gégé au sujet de cette histoire !?
Et puis, oui c'est très drôle si Depardieu est obligé de prendre la nationalité russe, et qu'il se voit refuser la belge…mais a-t-il perdu pour autant sa nationalité française ? Non, tant qu'il n'a pas fait de déclaration officielle de perte de nationalité. En fait, malgré toutes ses déclarations publiques et même s'il rend son passeport, il est encore Français.
Pourquoi on nous prend la tête avec cela alors ? Je ne saurais vous dire (expression belge).
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